Tout au long des chapitres de cette étude, un effort spécifique a été porté sur la comparaison avec d’autres écosystèmes d’innovation. Au niveau du canton de Vaud, de la Suisse romande ou de la Suisse dans son ensemble lorsque les données disponibles ne permettaient pas de faire autrement.
Et comme le monde est vaste, huit écosystèmes régionaux, ou leurs pays lorsque les données manquaient, ont été retenus pour l’analyse.
1. Zurich, à la fois proche et différente. Soumise aux mêmes conditions-cadres, mais avec un tissu économique et des réseaux réellement différents. 2. Londres, place d’innovation globale et capitale financière. 3. Paris, proche linguistiquement, dont la scène start-up et technologique est en pleine croissance. 4. Berlin, siège d’une intense activité d’innovation digitale et de modèle d’affaires au coeur de l’Europe. 5. Stockholm, un des écosystèmes ayant connu la plus forte croissance en Europe ces dernières années, parti du même niveau que la Suisse dans les années 2010. 6. Tel Aviv, le hub des sciences et de la sécurité informatiques, avec un marché intérieur et une population en Israël très proches de la Suisse. 7. Singapour, la Suisse de l’Asie, en prise directe avec le dynamisme de cette région du monde. 8. Boston, très active dans les sciences de la vie, place de référence et plus proche des écosystèmes européens en taille et en culture que la Silicon Valley.
Si l’Innovation Scoreboard de l’Union européenne fait de la Suisse le pays le plus innovant du Vieux Continent, le Global Innovation Index (GII) lui décerne le même titre de premier de classe, mais cette fois pour le monde entier. Publié par l’Université Cornell, l’INSEAD et l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) depuis 2007, cet indice attribue même ce rang à la Suisse sans discontinuer depuis 2010.
Dans le détail, ces études pointent des forces particulières de la Suisse pour expliquer sa capacité d’innover. «Attractivité du système de recherche, qualité des ressources humaines et investissements des entreprises» dans le cas de l’European Innovation Scoreboard. Le Global Innovation Index relève, lui, non seulement un très bon score dans les investissements en recherche et développement, mais surtout la transformation de ces derniers en nouvelle connaissance, brevets, technologies et, plus généralement, en nouveaux services et produits créatifs.
«Ces études pointent des forces particulières de la Suisse pour expliquer sa capacité d’innover»
Il faut cependant tempérer un peu la performance de la Suisse. Les classements d’innovation sont convergents avec les classements universitaires, comme celui de Shanghai ou de Times Higher Education, qui placent régulièrement les universités suisses au sommet de leur hiérarchie. De ce point de vue, la qualité de la recherche académique est incontestable. Mais le classement de la Suisse est fortement influencé par une caractéristique unique de notre pays: le poids de son système académique, parmi les plus denses au monde par rapport à la taille de l’économie.
La performance suisse est également un peu plus nuancée sur les thèmes financement, culture et, surtout, sur le thème conditions-cadres. Ces sujets sont détaillés dans les chapitres de l’étude «Vaud Innove» qui leur sont consacrés.
Si l’on change de facteur de grossissement pour comparer les classements au niveau régional, l’image est assez différente. D’une part, les classements sont essentiellement tournés vers l’entrepreneuriat et la composante start-up des écosystèmes et, d’autre part, les régions suisses sont largement en retrait du groupe de tête.
Ces résultats sont très corrélés à une variable fondamentale d’un écosystème pour l’activité entrepreneuriale: sa taille. C’est celle-ci qui détermine le nombre de rencontres possibles. C’est elle qui fait la largeur de la palette d’opportunités et donc l’attractivité pour les talents et pour les capitaux. Cette course à la taille est un frein structurel pour une région comme la Suisse romande, malgré la bonne progression observée ces dernières années. Avec une conséquence claire: il faut chercher à atteindre une taille critique dans des domaines spécifiques pour exister sur la carte du monde innovation.
«Cette course à la taille est un frein structurel pour une région comme la Suisse romande»
Cependant, dès que l’on se concentre sur les domaines les plus présents dans la région, le canton se rapproche ou intègre le groupe de tête. L’étude Start-up Genome positionne l’arc lémanique au 22ème rang de son classement 2018 grâce à sa concentration d’acteurs dans les sciences de la vie. Ce classement positionne même l’arc lémanique au 7ème rang mondial pour les écosystèmes en sciences de la vie, cinq rangs derrière Boston, mais devant Seattle, Munich ou Paris.
De manière similaire, le classement annuel par ville des 500 meilleures start-up dans les domaines scientifiques réalisé par le Boston Consulting Group et Hello Tomorrow positionne Lausanne à la 9ème place mondiale avec une dizaine de start-up classées, juste derrière Berlin et devant Tel Aviv et Singapour.