Un système de R&D ancré dans la science

Les activités de recherche et de développement (R&D), qui atteignent des proportions exceptionnelles dans le canton de Vaud, sont à la base de toute innovation.

La force d’innovation du canton de Vaud repose sur une capacité de recherche et développement hors norme, consécutive à une période de croissance accélérée.

Certes, la R&D et l’innovation sont deux concepts distincts. Il y a de nombreux exemples d’innovations qui ne font pas appel à la R&D et qui transforment, par exemple, un modèle d’affaires, même si l’usage de technologies numériques est souvent clé. On pense notamment aux innovations apparues dans l’économie dite du partage, comme le service de transport Uber ou d’hospitalité Airbnb.

Cela dit, la recherche scientifique fondamentale, appliquée ou expérimentale, joue un rôle considérable dans l’innovation. Les activités de R&D s’inscrivent le plus souvent, en effet, en amont de l’innovation, comme une source de celle-ci. Et dans le canton, l’innovation basée sur la science ou les savoir-faire techniques occupe une place prépondérante.

Le contexte suisse

Même s’il a ses caractéristiques propres, le système de R&D du canton de Vaud hérite des principaux traits du système suisse. A commencer par sa force de frappe.

La Suisse est parmi les leaders en matière d'intensité de R&D 

 

En comparaison internationale, la Suisse déploie une intensité́ de recherche et de développement exceptionnelle. Avec des dépenses en R&D atteignant 3,4% du PIB en 2017, le pays se classe dans le top 10 mondial, en troisième position devant les Etats-Unis et l’Allemagne, et seulement précédé par Israël et la Corée du Sud. Par comparaison, l’intensité de la R&D dans l’Union européenne a stagné autour de 2% du PIB en moyenne, de 2012 à 2016.

« En comparaison internationale, la Suisse déploie une intensité de recherche et de développement exceptionnelle»

Un système de R&D hybride

Une seconde caractéristique importante du système de R&D tient au poids spécifique du secteur privé. Les investissements des entreprises représentent 70% du total de l’effort de R&D au niveau suisse, légèrement au-dessus de la moyenne des pays de l’Union européenne, qui tourne autour de 65%. La part des universités est de 27%, celle des institutions de recherche à but non lucratif de 2%, et celle de l’Etat central de 1%.

L'effort R&D en Suisse est fortement soutenu par le secteur privé

 

Pourtant, malgré ce poids relatif plus faible, la R&D universitaire joue un rôle déterminant en Suisse, et peut-être plus encore dans le canton de Vaud.

D’abord, c’est elle qui fournit les talents nécessaires aux labos de R&D comme à d’autres fonctions dans l’innovation. Ensuite, nombre d’institutions académiques effectuent des recherches financées par le secteur privé au travers de collaborations ou de mandats.

Ces croisements entre financements et exécution de la R&D entre le public et le privé soulignent une caractéristique du système suisse de recherche et développement: il est hybride.

Une recherche académique dense et qualitative

Un prérequis d’une R&D performante passe par la qualité et la densité des universités. Le tissu académique en Suisse, et notamment celui du canton de Vaud, se caractérise par ces deux propriétés qui ont une influence déterminante pour la vitalité́ de l’écosystème d’innovation.

Le système de recherche académique Suisse allie densité, productivité et qualité de classe mondiale

 

Pour commencer, le tissu académique suisse brille par son excellence, notamment en termes de qualité́ de publication et de productivité́ des chercheurs. La Suisse est par exemple le premier producteur mondial de publication scientifique rapportée à sa population avec 5.0 publications pour 1000 habitants.

L’une des raisons de cette excellence tient au financement particulier de la recherche publique en Suisse. Les chercheurs académiques reçoivent une partie de leurs financements de l’institution qui les emploie, mais ils doivent aller chercher des bourses compétitives, en particulier auprès du Fond national suisse de la recherche scientifique (FNS) et, depuis 2007, aussi auprès de l’European Research Council.

Le second atout du tissu académique suisse est sa densité, parmi les plus élevées au monde par rapport au nombre d’habitants. Le pays compte dix universités et deux instituts de technologie, auxquelles s’ajoutent des Hautes écoles. Son système de formation parvient à former 2,5% de doctorants par cohorte d’âge, soit l’une des plus fortes proportions dans l’OCDE (avec l’Allemagne, la Finlande et la Suède).

«  Le second atout du tissu académique suisse est sa densité »

Une recherche académique hyperconnectée

Outre sa qualité et sa densité, le système de recherche académique suisse est ultraconnecté. Du coup, les universités suisses jouent le rôle de plates-formes vers la R&D globale, y compris pour les entreprises avec lesquelles elles collaborent (et vice versa). Il s’agit d’une condition extrêmement importante qui explique en grande partie la vigueur de l’écosystème d’innovation suisse et vaudois.

La recherche vaudoise est massivement connectée au reste du monde

 

Au niveau du canton de Vaud, cette capacité d’attraction internationale se retrouve aussi dans le recrutement des professeurs de l’EPFL.

La connexion internationale de la recherche académique suisse a aussi été encouragée de longue date, en particulier avec les systèmes de bourse du FNS qui permettent le séjour de jeunes chercheurs suisses dans des labos prestigieux.

Mais cette hyperconnectivité est surtout le produit du niveau de classe mondiale de la R&D suisse. Impossible d’établir des partenariats et des collaborations de recherche au plus haut niveau sans cela.

Le poids du secteur privé est déterminant

En Suisse, comme dans la plupart des pays industrialisés, l’essentiel de l’effort de recherche (70%) est donc produit par le secteur privé. Entre 2012 et 2015, les dépenses de R&D réalisées en Suisse par des entreprises privées se sont même accrues de 10% pour s’établir à̀ 15,7 milliards de francs (2,4% du PIB), dont 5,5 milliards (0,9% du PIB) dans le seul secteur de la pharmacie. Les augmentations les plus marquées ont été enregistrées dans les secteurs des services relatifs aux technologies de l’information (+66% à 568 millions), de la recherche (+28% à 2,4 milliards) et de la chimie (+24% à 629 millions).

Cela dit, ce sont surtout les entreprises d’une certaine taille qui contribuent le plus. La plus grande partie de l’investissement est porté par des entreprises employant plus de 100 personnes. Ces sociétés - moins de 1% du total des entreprises génèrent plus de 40% des emplois dans le pays - contribuent à plus de 80% de l’effort de R&D privé en Suisse.

Du coup, quelques-uns des grands champions mondiaux de la R&D sont Suisses. Selon l’indice du magazine «Nature» des principales entreprises qui publient des articles dans les grandes revue scientifique, Roche est numéro 1 et Novartis numéro 3. Le numéro 2 est IBM, dont une partie de la recherche et quelques prix Nobel viennent de ses labos zurichois.

Toutefois, ces champions de niveau global sont tous des entreprises basées en Suisse alémanique et ne participent donc que modérément au renouvellement du tissu économique dans la partie francophone de la Suisse. La région accueille malgré tout une activité de R&D privée intense (voir pour en savoir plus «Les spécificités du système de R&D dans le canton»), mais les champions de niveau global se font encore attendre.

«  La plus grande partie de l’investissement est porté par des entreprises employant plus de 100 personnes »