Même si la création de Yeda, l’office de transfert de technologie de l’Institut Weizmann situé en Israël remonte à 1959, l’institutionnalisation de cette activité avec des bureaux dédiés dans les universités remonte aux années 1970 aux Etats-Unis, l’Europe emboîtant le pas à la fin des années 1980.
Aux Etats-Unis, le Bayh-Dole Act de 1980 motive de nombreuses universités américaines à créer des bureaux de transfert de technologie. Cette loi décentralise en effet la propriété des inventions financées par des subventions fédérales. Les universités qui ont reçu ces fonds conservent la propriété de leurs inventions et peuvent les breveter et concéder sous licence ces inventions à des entreprises américaines. La loi impose aussi que les universités partagent les revenus de licence avec les inventeurs.
Depuis, le transfert de technologie s’est progressivement enrichi de diverses activités. A la gestion des brevets et à leur valorisation se sont ajoutés les collaborations industrielles et divers programmes visant à favoriser l’innovation directement par les chercheurs en soutenant la création de start-up.
Les deux principaux canaux de transfert de technologie depuis le monde académique vers l’économie restent les collaborations de recherche et la commercialisation des inventions.
«Aux Etats-Unis, le Bayh-Dole Act de 1980 motive de nombreuses universités américaines à créer des bureaux de transfert de technologie»
La majorité des entreprises n’est pas équipée pour conduire des travaux de recherche scientifique poussés. C’est ce qui les conduit à nouer des partenariats de recherche avec les Hautes écoles et leurs instituts.
Ces collaborations peuvent prendre plusieurs formes. De la plus large à la plus spécifique, on peut lister, sans être exhaustif, le sponsoring global d’un laboratoire ou d’une chaire, le partenariat cofinancé sur un projet de recherche dans un domaine d’intérêt conjoint (avec partage de la propriété intellectuelle) ou le mandat de recherche entièrement financé par l’entreprise selon un cahier des charges défini.
En plus de ces collaborations de recherche, les offices de transfert de technologie gèrent d'autres types de coopération entre les universités et les partenaires économiques: conseils, accords de transfert de matériel (échantillons, etc.) et contrats de non-divulgation associés.
«La majorité des entreprises n’est pas équipée pour conduire des travaux de recherche scientifique poussés»
Les résultats de la recherche académique ont le potentiel de constituer la base de produits innovants développés, puis commercialisés par les entreprises. Les institutions publiques s’efforcent de mettre à disposition du secteur privé les résultats de recherche offrant un potentiel d’impact socio-économique.
Cela se fait généralement par le biais de licences d’exploitation d’une technologie accordées à des entreprises. Pour que les licences académiques soient attrayantes pour l'industrie, les droits de propriété intellectuelle correspondants doivent être garantis. C’est ce qui conduit au dépôt de brevets.
L’équation peut se compliquer lorsque la mission de défense - légitime - des intérêts de l’institut académique entre en conflit avec l’objectif de transfert de technologie en créant des frictions, parfois importantes, dans le processus (conditions, durée des négociations). Tout est alors affaire d’équilibre.
En tout état de cause, le chemin qui mène d’une activité de recherche fondamentale (en partenariat ou non) à une innovation déployée (protégée ou non) n’est pas mécanique, et fait intervenir des personnes et des activités qui ne répondent pas aux mêmes logiques.
Au final, lorsque l’on met en rapport les différents ordres de grandeur, il apparaît clairement que l’innovation est un phénomène quasi accidentel, qui tient autant de l’alignement des astres à un instant donné que des immenses efforts qui y ont abouti.
«Le chemin qui mène d’une activité de recherche à une innovation déployée n’est pas mécanique»