En janvier 2015, la Banque nationale suisse créait la surprise en annonçant l’abandon, avec effet immédiat, de son taux plancher de l’euro par rapport au franc suisse. Résultat: la monnaie nationale s’est appréciée de 20% face à l’euro. Si la force de franc s’est quelque peu atténuée dans les mois qui ont suivi, cette soudaine hausse de cours n’a pas été sans conséquence sur les entreprises suisses, en particulier celles qui sont tournées vers l’exportation. Ce handicap s’est notamment fait sentir au niveau de l’industrie des machines, comme le détaillait alors Hans Hess, président de Swissmem, organisation faîtière de la branche: «En 2016, l’industrie MEM a pu se redresser quelque peu après une année difficile. Etant donné que le franc suisse est toujours clairement surévalué par rapport à l’euro, de nombreuses entreprises ont dû «racheter» certaines commandes avec un rabais sur les prix. Ce qui a continué à entraîner une pression énorme au niveau des marges. En 2016, presque un tiers des entreprises MEM ont de ce fait affiché des pertes.»
Durant cette période, les entreprises du secteur technologique n’ont pas échappé à cette problématique du franc. Cela s’est traduit au niveau du canton par une baisse de la croissance de 0,7% en 2015, alors que le reste de l’industrie enregistrait déjà un recul des emplois de 1%. Au sortir de la crise, en 2018, la création d’emplois dans le secteur de l’innovation est repartie de plus belle sur les bords du Léman avec une progression de 4,5%, contre 1,4% pour les autres secteurs industriels (respectivement 3,1% et 0,3% au niveau suisse).
Dans le canton de Vaud, ce sont essentiellement les activités liées à l’informatique et à la recherche scientifique qui ont le plus souffert, tout comme le secteur des machines. Comme le relève Aude Pugin, directrice générale d’APCO Technologies et présidente de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie, «l’impact du franc fort après janvier 2015 s’est très fortement fait sentir. Mais l’économie vaudoise a fait preuve de résilience et d’une grande capacité d’adaptation. L’innovation a été l’une des réponses les plus adaptées à ces nouveaux défis.»