Les scale-up, véritables moteurs de création d'emplois

A la phase de création et d’exploration du marché succède logiquement, pour les start-up, une phase de croissance des activités commerciales. Toutes les sociétés n’arrivent pas jusque-là, et pas avec le même niveau d’ambition. Un nouveau concept émerge pour désigner celles qui ont une trajectoire de croissance particulièrement marquée: les scale-up.

Le concept de scale-up est très lié à la notion de croissance (en anglais to scale up signifie changer d’échelle, vers le haut). Comme seule une toute petite partie des projets ont réellement un impact et contribuent à créer de l’emploi de manière significative, l’idée est de focaliser l’attention sur ceux-ci, raison pour laquelle ce concept a été inventé.

Le canton de Vaud suit et labellise les scale-up dans les domaines technologiques depuis 2016. Aujourd’hui, 27 sociétés font partie de ce programme, leur liste est consultable sur le site www.scale-up-vaud.ch. Les données pour cet article sont issues de cette initiative en 2019, qui comptait 25 scale-ups.

Une scale-up, c'est quoi?

Un épisode ponctuel de croissance n’est pas suffisant pour faire la différence. Pour avoir un impact durable, une société doit croître durant plusieurs années de suite. Le critère communément accepté (OCDE par exemple) est une progression - du chiffre d’affaires ou, à défaut, des emplois - dépassant 20% par année pendant au moins trois années consécutives.

Passer d'un à deux emplois ne suffit pas non plus: il faut avoir atteint une taille minimum pour que l’impact économique commence à devenir perceptible. On considère qu’une société devient éligible dès dix employés ou un chiffre d’affaires dépassant un million de francs.

Ces critères sont assez restrictifs. Moins de 5% des start-up deviennent des scale-up. Au demeurant, une PME peut parfaitement devenir une scale-up à la faveur, par exemple, d'un nouveau produit très demandé, même si ce cas de figure est plus rare.

«Croître ponctuellement n’est pas suffisant pour faire la différence»

Les scale-up créent beaucoup d'emplois

De par leur définition même, les scale-up créent beaucoup d’emplois, en Suisse et à l’étranger. Les 25 sociétés du programme Scale-up Vaud (chiffres de 2019) ont créé chacune en moyenne 10 emplois en Suisse par année au cours des quatre dernières années. Au total, sur cette période, cela représente 1000 nouveaux emplois .

En quatre années les scale-up du canton ont créés plus de 1000 emplois en Suisse 

 

Dans le domaine high-tech, la croissance se passe majoritairement via l'exportation et l'internationalisation de l'organisation. Mais la création d'emplois à l'étranger s’accompagne, dans la plupart des cas, d'une hausse des effectifs au quartier général. Les scale-up créent ainsi des emplois à haute valeur ajoutée.

Les scale-up ne sont plus des start-up

Si on observe la cohorte des scale-up vaudoises, on constate qu’il faut environ cinq années supplémentaires pour passer d’une équipe restreinte à une vingtaine de personnes. Il faut encore cinq années supplémentaires pour que les plus rapides d’entre elles franchissent le palier supérieur et atteignent la centaine d’emplois.

La courbe de croissance des scale-up du canton est résolument exponentielle 

 

Les défis de cette seconde phase sont tout autres. A la différence d'une start-up, la scale-up a démontré la viabilité de son modèle d'affaires et a trouvé son marché. Son défi est maintenant directement lié à la croissance: ouverture de succursales, création de canaux de distribution, recrutement, vente, financement de sa croissance, etc.

«A la différence d'une start-up, la scale-up a démontré son modèle d'affaires et a trouvé son marché»

Un phénomène émergent

L’apparition, en nombre important, de projets avec ce type d’ambitions et de capacités est un phénomène relativement nouveau dans la région. La majeure partie de la cohorte de scale-up vaudoises, même si elles sont à des stades d’avancement très différents, est constituée de sociétés créés il y moins de dix ans.

La majorité des sociétés à forte croissance du canton ont été créées il y a moins de 10 ans 

 

Un exemple emblématique de cette accélération est la société Flyability dans le domaine des drones d’inspection. Au moment où Flyability fête ses 5 ans d’existence, elle franchit la barre des 100 employés et se voit classée numéro 1 au «Top 100» des start-up en Suisse. Une sorte de «super scale-up».

Encore du chemin à parcourir

Cette dynamique est très positive. Mais si on prend un peu de recul et qu’on la compare avec d’autres régions, on constate qu’il reste encore du chemin à parcourir.

La marge de progression reste importante par rapport au Royaume-Uni et aux pays nordiques 

 

Les mesures ne suivent pas exactement partout la même définition (10% de croissance des ventes ou des emplois), mais permettent malgré tout des comparaisons entre les pays.

Les mesures servant à cette comparaison portent sur l’année 2014, soit plus ou moins le moment où la dynamique start-up de la région connaissait un point d’inflexion. Il sera intéressant de voir, lors d’une prochaine mesure, si le canton a rejoint les autres écosystèmes.

Cet effort est important, car les scale-up technologiques sont les premières manifestations des industries du futur. Etant basées sur des innovations, ces sociétés sont souvent centrées sur des domaines émergents et technologiques. Même si elles représentent une proportion d'emplois relativement faible au départ, elles permettent à la région de bâtir une expertise dans des domaines qui vont prendre de l'importance, à l'image des drones ou de l'intelligence artificielle, par exemple.

«Cet effort est important, car les scale-up technologiques sont les premières manifestations des industries du futur»