Le modèle start-up

D’inspiration nord-américaine, le modèle d’affaires des start-up repose sur la création d’une nouvelle entreprise en phase de croissance rapide pour commercialiser un produit, un service ou un processus innovant.

La particularité d’une start-up est de rechercher des financements externes pour supporter ses premiers pas jusqu’à ce que ses revenus dépassent ses coûts et qu’elle puisse rembourser, avec un profit, ses bailleurs de fonds. Le risque est évidemment qu’elle n’y parvienne jamais et que les montants investis soient perdus.

Ex-responsable de l’unité Start-up de l’EPFL, Hervé Lebret préfère, cependant, cette définition empruntée à l’entrepreneur en série de la Silicon Valley, Steve Blank: Les start-up sont des organisations temporaires conçues pour chercher un modèle d’affaires pouvant à la fois être répliqué sur plusieurs marchés (géographiques, thématiques, etc.) et être capable de croître.

Quoi qu’il en soit, ce modèle s’est imposé au cours des dernières années comme un moyen particulièrement efficace d’amener sur le marché une innovation, en particulier en transférant une technologie mise au point dans un laboratoire de recherche ou dans le garage d’un inventeur en produit, service ou process.

Aujourd’hui, les cinq plus grosses capitalisations boursières mondiales sont des entreprises passées par la phase start-up.

Le modèle start-up a donné naissance à sept des dix plus grandes sociétés mondiales

 

En Chine, ce modèle donne des résultats semblables. Les places de leaders en bourse ont été conquises récemment par d’anciennes start-up: Alibaba (439 milliards de dollars de capitalisation boursière) et Tencent (432 milliards). Le modèle peine encore à produire des résultats similaires en Europe.

«En Chine, les places de leaders en bourse ont été conquises récemment par d’anciennes start-up»

Des succès qui cachent la forêt?

Ces succès ne doivent pas faire oublier que le risque est inhérent au modèle start-up. Une étude de Statistic Brain datant de 2017 estime le taux de faillite des entreprises américaines (toute catégories confondues) à 50% cinq ans après leur création et à 70% après dix ans. Hervé Lebret s’est livré à une estimation en ce qui concerne les start-up de l’EPFL. Le taux de survie de celles qui ont été créées au cours des dix dernières années est de 85% et il reste élevé (69%) lorsque que l’on considère toute la période depuis 1986.

Mais le taux de survie ne dit pas grand-chose du succès, car une start-up peut vivoter. Si l’on mesure le succès par les sorties – mise en bourse ou acquisitions par un plus gros acteur –, le taux de réussite des start-up vaudoises est limité. On dénombre cinq entrées en bourse en quarante ans: Logitech, Modex Therapeutics, AC Immune, Biocartis et Bicycle Therapeutics. Quant aux acquisitions, elles concernent 8% de celles issues de l’EPFL, contre 25% de celles du MIT et de Stanford.

Le canton de Vaud est celui où la densité de start-up est la plus élevée en Suisse

 

Il ne faut pas non plus perdre de vue que le modèle start-up n’a pas le monopole de l’innovation. Une étude de l’Information Technology & Innovation Foundation datant de novembre 2017 estime que les start-up technologiques américaines ne représentent que 2,8% des entreprises du pays. De même, le tissu économique vaudois est largement composé de grandes entreprises et, surtout, de PME.

INTERVIEW: PROF. PIGNEUR

«Une start-up c’est une entreprise qui cherche le bon modèle d’affaires»

«Un monde liquide dans lequel on a différentes hypothèses que l’on va tester progressivement.»
Le professeur à l’UNIL et co-auteur du livre best-seller «Business Model, nouvelle génération», insiste sur les spécificités des start-up.

INTERVIEW: HERVÉ LEBRET

«Quelle définition de la start-up?»

«Une entreprise jeune, une croissance rapide des employés et éventuellement des revenus, et une courbe en U pour d’abord perdre de l’argent avant d’en gagner à un horizon de 5-10 ans.» Hervé Lebret, ex-responsable des Innogrant–EPFL.